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Les formateurs devraient s'inspirer des YouTubeurs et TikTokeurs.


Socrate et son smartphone utilise la vidéo dans ses formations


Sur YouTube ou TikTok, des créateurs de talents parviennent à transmettre leur savoir-faire grâce à des vidéos synthétiques et incarnées.

Les professionnels de la formation pourraient s’inspirer de ces nouvelles pratiques qui font une place de choix à la dimension humaine et fidélisent une audience toujours plus nombreuse.


Que faites-vous lorsque vous avez besoin de changer une plaquette de frein, rassembler une colonne d’emails dans une seule cellule Excel ou découvrir la structure rythmique de la Bossa Nova ?

Moi, je vais sur YouTube.


Je n’attends pas de YouTube de devenir garagiste, informaticien ou musicien mais je suis quasiment certain de trouver une réponse rapide à ma question.


La plateforme accueille plus de 50 millions de chaînes, dont les propriétaires partagent leurs connaissances avec passion, pédagogie et souvent, avec humour. C’est rapide, efficace, je passe un bon moment et j’acquiers une micro-compétence.


Formateurs, me voyez-vous venir ?


Avez-vous accordé quelques minutes à TikTok ? Derrière les inévitables vidéos égocentriques et superficielles, se cache un trésor, un extraordinaire réservoir de talents. Littérature, Histoire, Musique, Physique, Astronomie, Mathématiques, Arts graphiques, un nombre impressionnant de tiktokeurs maîtrisent l’art de partager clairement et en quelques secondes à peine, leur savoir-faire.

Socrate mettant à jour son LMS


Socrate mettant à jour son LMS


Quels sont les ingrédients secrets de ces génies de la transmission qui tiennent en haleine un milliard de personnes sur TikTok et 2,3 milliards sur YouTube ?

À l’évidence, le premier ingrédient concerne l’usage de la vidéo. Une vidéo réinventée à l’aune des usages numériques où la durée d’attention est inversement proportionnelle au temps passé sur les plateformes.


Autrement dit, on peut y passer des heures mais il faut que ça aille vite. Les créateurs de contenu l’ont bien compris. Leurs vidéos sont ultra-synthétiques.

Elles sont comme de petites capsules de savoir, que leur audience assimile facilement et rapidement. Exit les lourdeurs, les fioritures, les effets de style et le formalisme, on va à l’essentiel et l’essentiel est martelé.


Les professionnels du micro-learning s’en inspirent à juste titre. Seul le format vidéo permet de compresser le temps sans altérer la qualité de cette transmission.


La raison est que la vidéo permet de jouer avec le temps, le mouvement et accueille tous les autres formats (photo, son, dessin, texte). Elle offre ainsi la possibilité de montrer des processus complexes. Elle élargit le cadre ou zoome jusqu’à l’unité. Elle accélère le temps ou le ralentit jusqu’à le figer. Elle raconte des histoires, construit des récits, crée des tensions avant de les résoudre. Elle joue avec la couleur, le son, pour attirer l’attention ou installer une ambiance.

Platon jeune en pleine séance d'e-learning


Platon jeune en pleine séance d'e-learning


Mieux encore, la vidéo autorise celui qui la consulte à prendre le contrôle sur son déroulement, suspendre sa lecture pour mieux réfléchir, la reprendre à son gré, revenir en arrière ou accélérer pour adapter la lecture à sa vitesse d’assimilation.


La vidéo révèle les personnalités, elle les expose, elle dit “je”. Un examen plus attentif des procédés utilisés par les petits génies spontanés de la vidéo nous apporte un autre enseignement.

Presque tous parviennent à créer des liens durables avec leur audience par delà la distance et les écrans interposés. Et pour cela, ils utilisent un deuxième ingrédient secret : l’incarnation.


Dans leurs vidéos, leurs corps sont mobiles, leurs mains prennent la parole, leurs voix s’élèvent et leurs visages s’animent. La vidéo révèle les personnalités, elle les expose, elle dit “je”. Elle est le vecteur des messages informels, de l’indicible, des signaux faibles. Elle reflète la sincérité, l’intention, l’engagement, la confiance, la conviction.


On ne peut pas mentir en vidéo ou alors c’est un métier et cela s’appelle acteur de cinéma. Personne n’a jamais reproché à quelqu’un de ne pas ressembler à sa vidéo.


C’est une chance pour les formateurs qui savent l’importance cruciale de la dimension humaine dans la réussite du processus d’apprentissage.


La vidéo a-t-elle réponse à tout ? Certainement pas.


En tant que formateur, je ne connais rien de plus efficace et plaisant que la formation “en présentiel” où des êtres humains se côtoient, se regardent, se frôlent, se jaugent, se confrontent, manipulent des objets, établissent des liens privilégiés avec une ou plusieurs personnes, s’échangent (et se changent) les idées. C’est cela, la formation au sens noble.


Mais si la vidéo ne remplace pas, elle constitue en revanche un outil particulièrement efficace pour remettre la dimension humaine dans tous les processus de formations digitalisées.


Beaucoup d’entre nous voient encore la vidéo comme un format inaccessible parce que techniquement complexe, cher en équipement, chronophage, sans parler de la peur d’apparaître à l’écran.


Ces résistances peuvent être levées facilement lors d’une simple formation. Avec les smartphones et la simplification des applications de tournage et de montage, la vidéo est devenue accessible à tous, économiquement et techniquement.


Reste le troisième ingrédient secret, qui ne dépend que de vous.

L’audace.

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